mercredi 23 avril 2008

le discours derrière le discours

Quand il m'est arrivé de parler avec mon amie du Dalaï Lama, elle me reproche ma naïveté. Il ressemble à un vieux papi sympathique et souriant. Mais derrière, c'est un monstre (un renard, plutôt)!
je me souviens même, il y a quelques années, de la première fois qu'un groupe d'amis chinois tombe dans ma bibliothèque sur un bouquin du Dalaï Lama (qui m'avait été offert, ironie de l'histoire, par une amie "american born chinese" comme l'on dit, de San Francisco). Immédiatement, une moue de dégoût... j'avais eu beaucoup de mal à comprendre (et ce furent mes premières discussions, déjà forts agitées, sur le Tibet) ce qui se passait.

Il faut reconnaître que certains amis français avec qui j'ai parlé sont convaincus que les tibétains sont des gens naturellement gentils et paisibles, incapables de faire de mal à qui que ce soit, contre qui le gouvernement envoit des chars.

Sur l'excellent blog d'Alain Bertho, on trouve des informations un peu moins caricaturales. Même de la part d'un sympathisant aux tibétains, la violence des tibétains lors des émeutes apparaît impressionnante. Certes, c'est bien dans le cadre d'un conflit plus global Chine-Tibet qu'il faut ressituer cette violence ; certes, on peut en faire la réaction à une situation de domination violente. il n'en reste qu'avoir conscience de cette violence me semble nécessaire et permet d'échapper, un peu, aux discours lénifiants. Des remarques assez justes sur ce sujet.

Pour autant, le discours des chinois est profondément problématique en un sens inverse. Bien loin d'idéaliser les tibétains, les chinois mettent systématiquement en doute leur sincérité. A partir du moment où un tel mode de raisonnement est mobilisé, il n'y a évidemment plus de place pour une discussion: on sombre dans la théorie du complot permanente. Quand le Dalaï Lama condamne la violence, c'est pour pouvoir la déployer et s'en laver les mains. Quand le Dalaï Lama demande une grande autonomie au sein de la Chine, c'est pour mieux aboutir à une indépendance. Ce genre de discours confinait au ridicule quand le gouvernement chinois assurait détenir la preuve que les émeutes étaient commanditées par "la clique du Dalaï Lama", tandis que le Dalaï Lama demandait l'ouverture d'une enquête internationale.

Il reste que lorsque nous abordons la Chine, nous résonnons de façon semblable: nous ne prenons (évidemment, ais-je envie de dire) ses déclarations comptant. Il y a pour nous une évidence, là dedans dont il m'est difficile de rendre compte à mes amis chinois. Que le Tibet soit une colonie et non un espace que le pouvoir cherche à développer, voila toujours le même problème. L'un de mes amis chinois qui fut le plus souple sur ce sujet m'assura, la main sur le coeur, que le gouvernement chinois voulait faire le bien au Tibet. J'essaierai peut-être de leur faire lire ce texte, mais je ne suis pas sûr d'arriver à me faire comprendre.

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